Avant d'avoir on pense souvent que...
A partir de petites anecdotes (entendues ou vues), je vais vous présenter le parcours (du combattant) de l'apprentissage de l' "être parent"apprentissage" et ma réflexion, ma lecture de ces expériences de vie.
Quid de l'INNE et de l'ACQUIS #1 :
INNE : quelque chose - acquisition, arrêt... - qui se déroulerait naturellement lorsque c'est le moment pour l'enfant, sans qu'il y ait forcément un accompagnement de l'adulte) // ACQUIS : quelque chose qui s'acquerrait en étant accompagné, proposé, voire imposé par le parent.
V. maman de 3 filles (une de 5 ans et des jumelles de 3 ans) :
"Hier soir, alors que j'avais passé plus de temps que d'habitude à endormir mes jumelles de 3 ans et demi, en essuyant quelques cris et pleurs au passage, parce que je n'avais pas leur tétine
alors qu'en temps normal elles s'endorment seules en quelques minutes, je me suis dit qu'il fallait encore attendre avant d'arrêter la tétine pour l'endormissement (elles ont déjà bien réduit la journée et arrêté totalement à l'école) malgré les recommandations des médecins.
Puis je me suis rappelée comment cela s'était passé pour l'ainée : après plusieurs essais non concluant, un soir elle m'a dit : "je suis grande je n'ai plus besoin de tétine" et elle ne l'a jamais reprise."
A la suite de cet échange, j'ai cogité et pensé aux autres acquisitions
- concerne aussi bien le gain que l'arrêt d'un comportement, d'une conduite -
Qui bordent la vie des enfants
Et notamment "l'acquisition de la continence" (cf article en fin de post pour comprendre le choix de ce terme plutôt que "propreté").
Je me suis alors demandé :
Est-ce que cette acquisition peut/doit se faire naturellement (et donc est-ce qu'elle est un phénomène inné) ou est-ce qu'elle doit être accompagnée, proposée voire imposée à l'enfant à un certain moment de sa vie (et donc est-ce qu'elle est un processus acquis) ?
Je connais des mamans qui "travaillent" ou proposent la continence assez tôt (entre 18 mois et 2 ans), par peur que celle-ci n'arrive pas avant l'entrée à l'école ou un événement important à venir, parce qu'on leur a conseillé de faire comme cela, parce qu'elles sentent que c'est le mieux pour leur enfant et leur vie de famille...
Elles ont des retours d'expérience différents :
- Alors que pour certaines, la continence s'est faite facilement, presque instantanément et parfois jour et nuit, avec peu ou pas d'accident.
- Pour d'autres, en revanche, ça a été plus contraignant : il y a eu de nombreux accidents, de la réticence, une prise de tête, des conflits, des annulations de sorties pour cause de continence non maîtrisée...
A l'inverse,
j'ai plusieurs connaissances qui m'ont raconté avoir essayé de travailler la continence (en vain) et avoir finalement observé qu'elle avait fini par arriver avant l'entrée à l'école.
En général, lorsque l'on propose le pot ou le réhausseur de toilettes à un enfant, il prend ça, au départ, comme un jeu, une nouvelle chose à tester et il accepte d'essayer et s'amuse quelques fois avant de sen détourner totalement (si ce n'est pas encore le moment pour lui).
Et lorsque l'on essaie d'insister, de l'y déposer soi-même en lui disant que ce serait mieux de faire sur le pot que dans la couche,il peut y avoir des hurlements pour manifester qu'il n'a pas envie (ou qu'il ne se sent pas) de le faire à cet endroit là à cet instant précis et pour certains parents il est structurellement impossible de forcer leur enfant à s'assoir sur les toilettes alors qu'ils hurlent comme pris de panique.
N'ayant pas de référence personnelle en la matière et me demandant s'il fallait tout de même aider son enfant à acquérir la continence, j'ai demandé au personnel d'une crèche comment cela fonctionne et à quel moment il est préférable d'accompagner/imposer à son enfant d'aller aux toilettes.
Voici la réponse : "ça vient plutôt naturellement lorsque l'enfant sait monter les escaliers :
- une marche par une marche
- sans se tenir (ni à la barrière, ni au parent).
Et effectivement, c'est souvent l'été avant l'entrée en classe que la continence se fait naturellement (le jour déjà et pour certains la nuit également) lorsque l'enfant a déjà 3 ans ou va les avoir très prochainement (pour ceux de fin d'année, cela peut prendre un peu plus de temps).
Pour autant, il y arrive qu'il y ait tout de même quelques accidents car au début ce n'est pas totalement acquis et notamment lorsque l'enfant joue et qu'il oublie d'aller faire aux toilettes ou est à l'école et qu'il n'ose pas demander.
Mais j'ai remarqué que comme cela les parents :
- Ne s''étaient pas du tout pris la tête
- Il n'y a pas à avoir peur que ça n'arrive pas
Puisque c'est une acquisition standard du développement psychomoteur de l'enfant (tout comme la marche ou la parole).
Et j'ai remarqué également que cela pouvait s'observer aussi pour les autres acquisitions comme :
- Faire du vélo sans roulettes (ça prend souvent aux enfants sur "un coup de tête" parce qu'ils ont vu des enfants plus grands ou de leur âge le faire) ;
- Arrêter la tétine (il y a bien un moment où l'enfant a moins besoin de sa tétine pour trouver du réconfort, de l'apaisement, le sommeil... et cela s'est observé chez plusieurs enfants que je connais)
- L'arrêt de l'allaitement (pour celles qui ont allaité jusqu'à plus de 2 ans) ;
- L'arrêt du dodo en écharpe de portage ou porté bébé la journée ("on n'a jamais vu un ado dormir en écharpe" avais-je lu un jour dans un article sur les bienfaits du portage en écharpe, ça m'avait fait bien rire, mais c'est tellement vrai :D) ;
- Le sevrage de tétée la nuit (biberon et allaitement) : je conseille, dans la mesure du possible pour les parents, d'accompagner l'arrêt des tétées la nuit en étant présent, en prenant éventuellement l'enfant dans les bras, en le berçant plutôt qu'en le laissant pleurer seul dans son lit sur plusieurs nuits, contrairement à ce que conseillent certains pédiatres. En le laissant pleurer, il finit par s'arrêter, il est vrai, mais est-ce par acquisition ou par résignation ? Le fait-il de manière sereine ou en état de stress ?
- L'arrêt du cododo, le dodo dans sa chambre propre (même réflexion que précédemment).
- L'endormissement autonome (si votre enfant crie, hurle pendant un certain temps, vous appelle avec des trémolos dans la voie cela veut peut-être dire qu'il n'est pas encore prêt à s'endormir sans votre présence à ses côtés - il y a des enfants qui naturellement "savent" s'endormir seuls et d'autres pour lesquels il est nécessaire de proposer un accompagnement, cf un prochain post sur le sujet).
- L'arrêt des réveils la nuit (plus ou moins long selon les enfants) : Nul n'est besoin de laisser pleurer votre enfant seul dans son lit pour qu'il arrête de se lever la nuit.
Et contrairement à ce que l'on peut entendre, souvent, accompagner son enfant dans cette étape (dans la mesure du possible pour les parents) en allant le voir pour le rassurer, en le prenant éventuellement dans le lit parental quelques fois s'il en a besoin ne crée pas une habitude définitive.
En effet, je connais un certain nombre de mamans qui ne pouvaient pas se résigner à laisser leur enfant pleurer, qui chaque fois allaient le voir et pour lesquelles, pourtant, leur enfant a fini par ne plus se réveiller la nuit.
Une fois que l'enfant se sent suffisamment rassuré - cela peut prendre parfois plusieurs mois, voire années il est vrai - il lui arrive moins souvent de se réveiller la nuit et d'appeler ses parents puis un jour, il ne le fait plus du tout ou dans de très rares cas.
De même que pour certaines mamans, il est impossible de laisser pleurer leur enfant la nuit, seul dans son lit pour qu'il arrête de demander la tétée. Et pourtant, cela prend parfois seulement quelques nuits pour qu'ils se satisfassent de la substitution de leur besoin/envie de lait par de l'apport d'attentions, de bercement, de paroles...
D'autant qu'après 6 mois, l'organisme du bébé n'a plus besoin de se nourrir la nuit et souvent la tétée la nuit est une tétée de réconfort, de tendresse, de moment de qualité.
...
Autrement dit, tout vient à point à qui sait attendre
Et
Imposer aux enfants des acquisitions ou des arrêts de comportements
- Dans les cris, voire les hurlements ;
- La prise de tête ou le conflit ;
- La tristesse, la vexation ou le sentiment d'humiliation ;
- La colère, voire la rage ;
- La panique, voire l'angoisse...
(pour le parent comme pour l'enfant)
Et ce, de manière permanente,
Ne me semble pas serein pour le quotidien de la famille et dans le cadre du développement moteur, psychomoteur et psychoaffectif de l'enfant.
Alors à ceux/celles qui, comme beaucoup,
- Ne supportent pas d'imposer des acquisitions à leurs enfants (ou de les travailler dans l'effort, les cris, les conflits et les sensations d'échec)
Mais
- Préfèrent les accompagner doucement et naturellement, négocier
Et qui
- Subissent ou ont subi des critiques et des commentaires de leur entourage tels que : "tu vas lui créer des habitudes et ensuite tu pourras plus les changer", "un enfant il faut lui imposer des choses sinon il te tyrannise", "un enfant ce n'est pas un adulte, il ne sait pas ce qui est bon pour lui, comment faire les choses le concernant"...).
De même que si pour vous :
- "Travailler" ou accompagner les acquisitions ou arrêts de vos enfants n'est pas synonyme de prise de tête, de conflits, de galères mais se fait, au contraire, de manière sereine et naturelle (parce que vous pensez qu'imposer les choses à votre enfant, avec tendresse et bienveillance est bon pour lui, son éducation et son développement moteur, psychomoteur et psychoaffectif et qu'en retour votre enfant sait que l'on fait comme cela dans sa famille, l'accepte et n'en est pas affecté).
- Il y a certains moments où (et c'est le cas en ce qui me concerne) dans le quotidien de la famille, dans l'apprentissage de l' "être parent" ou dans le cadre du développement moteur, psychomoteur et psychoaffectif de l'enfant, il est plus simple, plus commode, plus serein, plus paisible.... de combiner imposition et tendresse et délicatesse, si chères à votre coeur.
J'ai envie de dire : faites-vous confiance, vous êtes le parent de cet enfant et vous seul, sentez savez ce qui est bon pour vous (parent et enfant).
Ce qui n'empêche pas de :
1. Prendre attache auprès de professionnels expérimentés dans la petite enfance et/ou du domaine médical ou paramédical et ce, d'autant plus si vous avez un doute ou une inquiétude par rapport à une acquisition qui ne viendrait pas dans la fourchette d'age d'acquisition standard)
2. Prendre note des conseils, recommandations, suggestions, questionnements et interrogations que votre entourage (familles, amis, connaissances, personnes avec qui vous avez discuté une fois ou que vous côtoyez de manière ponctuelle) vous proposent et voir si après réflexion, introspection et lectures, cela vous parle, vous questionne ou si vous avez envie d'essayer (car après tout, dans cette situation, cela ne coûte rien d'essayer).
Puisque l' "être parent" n'est, pour le coup, pas inné.
Et vous, Quel est votre avis sur la question ?
Quel est votre "style" en tant que parent ?
Comment avez-vous fait en ce qui concerne les acquisitions de votre/vos enfant/s
Ou comment envisagez-vous de faire ?
Quels sont vos questionnements, vos doutes, vos regrets, vos remords, vos inquiétudes... ?
Pour aller plus loin :
- Article sur l'acquisition de la continence (terme en opposition à l'acquisition de la propreté car un enfant qui ne sait pas encore se "contenir" c'est-à-dire maîtriser volontairement la rétention de l'urine et/ou des selles n'est pas à fortiori "sale") :
https://lesprosdelapetiteenfance.fr/bebes-enfants/psycho-developpement/lacquisition-de-la-proprete/la-continence-une-acquisition-qui-demande-temps-et-maturite
- Nous pouvons nous rencontrer autour d'un café pour en parler : https://www.doctolib.fr/psychologue/les-cheres/maeva-barrailler